Historique de la société

Pr. Charles HAAS

La Société Médicale des Hôpitaux de Paris (SMHP) fondée en 1849 par les médecins des Hôpitaux de Paris, a été reconnue d’utilité publique par décret du 12 décembre 1888. Elle a fêté, en grande pompe, son centenaire le 21 octobre 1949. Edouard Rist, ancien président et Pasteur Vallery-Radot, président, ont alors raconté son histoire (1). Lors de son cent-cinquantenaire, célébré le 15 janvier 1999, je me suis efforcé de retracer les circonstances de sa naissance (2).

On peut attribuer la fondation de la SMHP à deux causes profondes : les tendances associatives des médecins du XIXe siècle et l’expérience de la Révolution de 1848 (2), et à une cause occasionnelle : la création de l’Assistance Publique de Paris. Ce n’est pas le hasard qui fait coïncider la naissance de notre Société avec celle de l’Administration générale de l’Assistance Publique à Paris. La fondation de l’une est immédiatement liée à la création de l’autre. Le gouvernement de la IIème République avait, par la loi du 10 janvier 1849, réuni en une seule administration les trois institutions jusque-là indépendantes qui, depuis l’Ancien Régime, se partageaient à Paris l’assistance aux malades, aux infirmes, aux vieillards et aux enfants abandonnés ; c’est-à-dire l’Hôtel-Dieu, les hôpitaux réunis sous le nom d’Hôpital Général, et le Grand Bureau des Pauvres, dit aussi Bureau Central. L’article 6 de la loi stipulait que les médecins, chirurgiens et pharmaciens des hôpitaux et hospices seraient nommés au concours, alors que, jusque-là, seuls ceux du Bureau Central étaient choisis selon ce mode de recrutement. Le nouveau régime créait donc un corps des Médecins des Hôpitaux de Paris, homogène par son origine et par son statut. Les médecins de ce corps furent, tout naturellement, amenés à se grouper en une Société, dont l’Association déjà existante des médecins du Bureau Central fut le noyau. Notre sœur aînée, la Société de Chirurgie, (devenue depuis Académie de Chirurgie), fondée en 1843, avait d’ailleurs montré l’exemple.

Dès le 25 juin 1849, la SMHP, composée de 67 membres, tenait sa première séance à l’Amphithéâtre de l’Administration centrale des Hôpitaux. Celle-ci occupait, 2, rue Neuve-Notre-Dame, un immeuble faisant face à la cathédrale, et qui fut démoli en 1858 lorsque le parvis, par la construction du nouvel Hôtel-Dieu et de la Préfecture de Police, pris sa figure actuelle. En 1867, le siège de la Société fut transféré 3, rue de l’Abbaye. C’est en 1899 que la Société s’établit 12, rue de Seine où elle était accueillie par la Société Nationale de Chirurgie. C’est depuis 1979 que la SMHP tient ses réunions tantôt à la Salle du Conseil de l’Ancienne Faculté de Médecine (12, rue de l’Ecole de Médecine), tantôt à l’amphithéâtre Rouvillois du Val de Grâce, où nos collègues militaires nous font profiter de leur généreuse hospitalité. Les premiers statuts de la SMHP lui assignaient un triple but : l’étude et les progrès de la médecine pratique, l’examen de toutes les questions relatives aux établissements hospitaliers, la défense des intérêts du corps médical hospitalier. C’était donc à la fois une société scientifique et une association corporative. Les médecins, chefs de service des hôpitaux militaires de Paris y étaient admis au même titre que ceux des hôpitaux civils. Les médecins qui désiraient entrer dans la Société devaient joindre à leur demande un mémoire inédit qui faisait l’objet d’un rapport suivi d’un vote à bulletin secret. Les réunions avaient lieu les deuxième et quatrième mercredis de chaque mois, à trois heures et demie, rue Neuve-Notre-Dame.

Les travaux de la SMHP furent publiés d’abord d’une façon assez singulière et qui rend les recherches bibliographiques incommodes. Elle avait, en quelque sorte, pour organe officiel l’Union Médicale, hebdomadaire fort répandu, où paraissaient sous forme de Bulletins, les comptes rendus des séances et les discussions. Mais les Archives Générales de Médecine, revue mensuelle la plus importante et la plus savante de l’époque, donnait asile aux Mémoires, parfois étendus, présentés par la Société. Tous les deux ou trois ans, ces mémoires étaient réunis en fascicules, puis en volumes, sous le titre général d’Actes de la Société médicale des Hôpitaux de Paris. Cela dura jusqu’en 1865. Alors commença une deuxième série, qui, sous le titre de Bulletins et Mémoires de la Société médicale des Hôpitaux de Paris, parut régulièrement chez P. Asselin, libraire de la Faculté de Médecine. Enfin, en 1884, fut inaugurée la troisième série, paraissant sous le même nom, par les soins de la Maison d’Edition Masson à laquelle nous demeurons unis depuis lors. C’est en 1969 que notre organe officiel, toujours édité par Masson, a pris le nom d’Annales de Médecine Interne, sous l’impulsion du Professeur Maurice Pestel, alors Secrétaire Général de la Société et Rédacteur en Chef de la Revue. En 2004, les Annales de Médecine Interne, dont le dernier Rédacteur en Chef était le Professeur Loïc Guillevin, ont fusionné avec la Presse Médicale.

Nombreux sont les travaux princeps qui ont jalonné l’histoire de la SMHP. Le lecteur curieux trouvera la description des plus importants d’entre-eux dans le numéro du cent-cinquantenaire de notre Société, paru en 1999 (Annales de Médecine Interne, 1999 ; 150).

Bibliographie

1 – Centenaire de la Société Médicale des Hôpitaux de Paris.
Séances du 21-22 octobre 1949.
Bull. et Mém de la Soc. Méd. des Hôp., 1949, n° 25 bis (pp 1-290).

2 – La naissance de la Société Médicale des Hôpitaux de Paris. Charles HAAS.
Ann. Méd. Interne, 1999 ; 150 : 10-16.